En cette Fête de Toussaint, les écrits de Madeleine Delbrêl (« La sainteté des gens ordinaires« , tome VII des Œuvres Complètes 2009 – Nouvelle Cité) semblent particulièrement bien exprimer la « sainteté des gens ordinaires » :
« Nous autres, gens ordinaires
IL y a des gens que Dieu prend et met à part.
Il y en a d’autres qu’il laisse dans la masse, qu’il ne « retire pas du monde ».
Ce sont des gens qui font un travail ordinaire,
qui ont un foyer ordinaire ou sont des célibataires ordinaires.
Des gens qui ont des maladies ordinaires, des deuils ordinaires.
Des gens qui ont une maison ordinaire, des vêtements ordinaires.
Ce sont les gens de la vie ordinaire.
Les gens que l’on rencontre dans n’importe quelle rue.
Ils aiment leur porte qui s’ouvre sur la rue,
comme leurs frères invisibles au monde aiment la porte qui s’est refermée sur eux.
Nous autres, gens de la rue, croyons de toutes nos forces que cette rue,
que ce monde où Dieu nous a mis est pour nous le lieu de notre sainteté.
Nous croyons que rien de nécessaire ne nous y manque, car si ce nécessaire nous manquait, Dieu nous l’aurait déjà donné.»
(Nous autres gens des rues, p. 24)
Chaque petite action est un événement immense où le Paradis nous est donné,
où nous pouvons donner le paradis.
Qu’importe ce que nous avons à faire : un balai ou un stylo à tenir; parler ou se taire; raccommoder ou faire une conférence; soigner un malade ou taper à la machine.
Tout cela n’est que l’écorce d’une réalité splendide, la rencontre de l’âme avec Dieu,
à chaque minute renouvelée, à chaque minute accrue en grâce,
toujours plus belle pour son Dieu.
On sonne ? Vite, allons ouvrir. C’est Dieu qui vient nous aimer.
Un renseignement ? Le voici : c’est Dieu qui vient nous aimer.
C’est l’heure de se mettre à table: allons-y : C’est Dieu qui vient nous aimer.
Laissons-le faire.»
(Nous autres, gens des rues, p. 30)